La collection d'art moderne et contemporain de l'Université libre de Bruxelles
Recherche utilisant ce type de requête :

Recherche seulement sur ces types d'enregistrements :


Recherche avancée (contenus seulement)

Des Saints ? Non, des victimes de la barbarie humaine

MAINIL.tif

Description

Emaillage sur plaque d'acier, signée en bas à droite

                                                                                                       

" Un artiste atypique ! Tant par le media utilisé pour y projeter ses émotions que par le contenu même de ses créations.  Expressionnisme et symbolisme s'y côtoient.  Ingénieur civil des mines, il avait connu la dureté des travaux dans les

houillères.  Il avait projeté sur la toile son trouble et ses angoisses.  Par après, il a recherché un autre support pour y plaquer les images d'une vue désabusée de la nature humaine.  Le hasard lui a fait découvrir un procédé tombé en désuétude : l'émaillage sur plaque d'acier de grandes dimensions.  Non pas comme cela se fait encore parfois actuellement : la peinture sur une plaque émaillée que l'on durcit au feu.  Non.  Un travail dans la masse elle-même.

La poudre d'émail qu'il utilise, plaquée sur la tôle ayant subi un premier émaillage, est travaillée au doigt, à la spatule, au couteau de manière à y apporter le volume.  Aucun dessin préalable.  Chaque fois, c'est comme si quelque chose le hantait, lui taraudait l'esprit et que brusquement le déclic se produisait.  Une idée le poursuit.  Et tout à coup arrive le flash.  L'idée de reproduction se concrétise.  L'image mentale est née.  Obsédante.  Et toi arriver la projection sur le support.  Avec ses joies.  Mais aussi ses peines.   La joie de voir une œuvre sortir du four conforme à l'image souhaitée, la peine de devoir mettre au rebut ce qui est résulté de la cuisson.  Car en la matière, les repentirs sont impossibles.  Au travailleurs des charbonnages ont succédé celles des victimes de la haine nazie.  Et ce fut en 1994 - 1996 tout un ensemble de réalisations consacrées aux horreurs du génocide perpétré en Europe pendant la seconde guerre mondiale.  Toutes ces réalisations ont été réalisées en noir et blanc.  Deux couleurs, le noir et le blanc, étaient celles qui se prêtaient le mieux pour exprimer la rage qui l'habitait de voir l'indifférence s'installer dans le monde.  La désespérance qui l'habite n'est pas agréable à recevoir.  Mais à quoi sert-il de se voiler la face, à imaginer que l'homme est autre chose que ce qu'il est !

Des périodes plus calmes lui ont permis de faire ses recherches plus colorées : quelques études paysagères, mais surtout des représentations chargées de symbolisme.

La passion de l'émaillage l'a conduit à œuvrer par la céramique.  Avec la plaisir supplémentaire de l'impression tactile que donne le pétrissage de l'argile.  Aussi les appréhensions de l'échec de l'émaillage d'un biscuit pourtant réussi.

Et dernièrement, c'est toujours la passion de l'émaillage qui l'a conduit à employer un nouveau media : la plaque de verre.

Ses œuvres n'ont jamais été exposées à l'étranger.  Il les a toujours prêtées pour des expositions locales.  S'il a vendu quelques unes de ses œuvres, c'est toujours pour satisfaire un coup de cœur de l'un  ou l'autre visiteur.  Ses préoccupations ne sont pas mercantiles.  Sa préoccupation est surtout d'ordre personnel, presque thérapeutique.

Les critiques d'art ne se sont jamais penchés pour analyser sa production artistique.  Il ne l'a jamais sollicité.  Comment mieux situer son sentiment que par ces quelques lignes qu'il avait écrites à la suite d'un reproche qu'on lui faisait : 

" Je n'ai jamais pu ajouter qu'ils étaient en obligation de copie au moment où ils ont jeté un coup d'œil sur quelques pièces où j'avais projeté mes fantasmes.  Que pouvais-je annoncer à mes amis ?  Que l'art n'existe pas en soi, que ce terme n'est qu'un concept recouvrant divers domaines de réalisations où les hommes et femmes ont transcrit leur émotion.  Que le jugement des œuvres n'est pas univoque, que je puis être ému par ce qui indiffère l'autre, qu'aujourd'hui je puis être ébloui par ce qui me laissera de glace demain !  Devais-je préciser qu'il n'y a pas d'art sans au moins un rudiment de technique, mais qu'il ne faut pas confondre " l'art " avec la " technique artistique " ?  Que des œuvres d'amateurs malhabiles ont parfois fait éclater ma joie ou alimenté mon effroi, m'ont apporté l'apaisement ou provoqué ma révolte !   

Que l'art n'est qu'émotion, qu'il est fonction de l'individu et de son environnement passager, tant pour le créateur, que pour l'interprète ou le tiers voyageur ! "

 

Titre

Des Saints ? Non, des victimes de la barbarie humaine

Créateur

Pierre-Jean MAINIL

Date

1995

Format

53 x 73 cm